Communiquer / transmettre, la question du médiologue

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Le Cercle des médiologues

La transmission, qui veille au passage des messages à travers le temps long de l’Histoire, se distingue de la communication qui met les individus en contact. La première opère nécessairement en différé, la seconde peut, grâce aux nouvelles technologies, atteindre au direct et à l’interactivité. Le capital symbolique d’une culture se transmet, une certaine coprésence communautaire se communique. Face aux empiétements du modèle publicitaire et aux brouillages des séductions relationnelles, un impérieux besoin d’ancrage semble apparaître dans de nombreuses démocraties avancées. On y réclame une stabilisation symbolique et une durée longue des institutions. Mais cette exigence de recentrage sur le “transmettre” se heurte de plein fouet aux désirs de “communiquer” induits par la puissance croissante de nos technologies. Qu’arrive-t-il à l’École, à l’État, à la Culture quand la nécessaire transmission d’un savoir, d’une tradition ou d’une histoire affronte quotidiennement l’urgence et la fugacité du tout communicationnel? Posées à Cerisy lors d’un colloque (juillet 2000) publié dans le n°12 des Cahiers de médiologie, ces questions prennent aujourd’hui une acuité nouvelle dans les débats de société que suscitent les actuelles échéances politiques.

Émission de Pierre-Marc de Biasi sur France Culture
Diffusée en mai 2002 en direct du Salon du Livre
Dossier conçu et présenté par Pierre-Marc de Biasi, Daniel Bougnoux, Françoise Gaillard et Louise Merzeau.
Avec Régis Debray, Nicolas Bourriaud (Palais de Tokyo), Claude Mollard (CNDP), Michel Robineau (proviseur), Alain Seksig (inspecteur de l’Éducation nationale)

À quoi servent les éditeurs à l’âge numérique ?

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Le Cercle des médiologues

Dans les années 1970, la multiplication des “photocopilleuses” avait porté un coup si sévère à l’économie du livre et à l’édition que des mesures de protection juridique et financière avaient finalement dû être prises. Pourtant, la photocopie semble une menace bien dérisoire face à l’arsenal des moyens d’édition domestique qui ont vu le jour depuis. De la fabrication du papier à la vente des livres en librairie, la “chaîne graphique” subit de plein fouet la bourrasque des nouvelles technologies. S’il faut toujours des auteurs et des lecteurs pour que vive le livre, qu’en est-il aujourd’hui des autres partenaires traditionnels industriels du marché du livre ? Papetiers, imprimeurs, diffuseurs, libraires se sentent-ils menacés par le livre virtuel, le e-book, l’édition en ligne, etc. ? Traitement de texte, logiciels d’édition assistée par ordinateur, scanners, imprimantes, correcteurs orthographiques, édition à la demande : les nouveaux outils de l’édition semblent offrir au premier venu les ressources suffisantes pour s’auto-éditer. Qu’est devenu aujourd’hui et que sera demain le rôle de l’éditeur à l’heure où le manuscrit d’écrivain se présente le plus souvent sous la forme d’un fichier numérique quasiment prêt à imprimer ? Combien coûte réellement un livre ? Un auteur n’aurait-il pas bénéfice à créer sa propre structure d’édition ? Quel risque courrait-il à le faire ? Bref, à quoi servent encore les éditeurs ? Cette formule un peu insolente nous servira de guide pour approfondir la question des fonctions intellectuelles, juridiques, techniques et symboliques de l’éditeur qui reste sans doute un partenaire essentiel et irremplaçable de la  » chaîne graphique  » mais qui se trouve confronté, pour la première fois avec une telle intensité depuis le XVe siècle, à une redéfinition fondamentale de son métier.

Émission de Pierre-Marc de Biasi sur France Culture
Diffusée en mars 2002 en direct du Salon du Livre
Avec Louise Merzeau, Térésa Cremisi, Adam Biro, Liana Lévi, Michel Müller, Gérald Grunberg, Michel Melot, Jean-Yves Mollier, P.L. Rozynès