Traçabilité numérique et enjeux mémoriels : autour de quelques paradoxes

logo-lacantineSéminaire W2S
(Sciences sociales du web 2)

Après avoir longtemps redouté de perdre ce que le temps effaçait, la société découvre la peur d’une traçabilité en excès – brutale, opaque, incommensurable. La multiplication des traces numériques introduit de fait une inversion anthropologique du rapport entre mémoire et oubli, où ce n’est plus l’enregistrement mais sa suspension qui demande attention, investissement, volonté.
Dans ce régime de « mémoire par défaut », les traces perdent paradoxalement leur valeur mémorielle au profit d’une valeur d’indexation propice aux procédures d’expropriation. Décontextualisées, les traces découpent, calculent et exposent les identités selon des logiques marchandes de plus en plus intériorisées.
Dans cette perspective, réaffecter une finalité mémorielle aux traces déposées sur les réseaux est donc un enjeu majeur de réappropriation de la présence numérique, de portée culturelle aussi bien que politique.

Sous la direction de Dominique Cardon
organisé par Silicon Sentier et Orange Labs

22 juin 2011
La Cantine, Paris