Qui s’élèvera dans le domaine public en 2016 ?

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Pour la 3e année consécutive, Romaine Lubrique et SavoirsCom1 proposent leur calendrier de l’Avent du domaine public, pour célébrer l’entrée de nouveaux auteurs dans le domaine public.

Chaque jour du mois de décembre, sera révélé le nom d’une des 31 personnalités sélectionnées par les membres du collectif (écrivain, dessinateur, peintre, compositeur, théologien, biologiste…) dont les œuvres seront libérées du verrou de la propriété intellectuelle pour rejoindre les communs de la culture au 1er janvier 2016.

Circles in a Circle, 1923 (source : Wikimedia Commons)

Jean Giraudoux, Edvard Munch ou Vassily Kandinski avaient été les vedettes du calendrier de l’Avent en 2015. La promotion 2016 nous réserve aussi de belles surprises, célèbres ou à redécouvrir…
A noter que pour la première fois, le Calendrier du domaine public aura une dimension internationale : un collectif canadien proposera sa propre version, d’après la législation en vigueur au Canada (où le droit d’auteur n’est que de 50 ans après la mort de l’auteur, contre 70 ans en Europe).

À noter également que la défense du domaine public a été cette année au cœur de nombreux débats. Rapport Reda au niveau européen, vote de la loi sur la liberté de création en France, ou encore consultation citoyenne pour le projet de loi pour une République numérique ont été autant d’occasions de faire avancer la reconnaissance du domaine public et des communs de la connaissance, même si beaucoup de ces initiatives ont été bloquées par le lobby des ayants droit (cf. le retrait de l’article 8).
La revendication d’un droit d’accès, de partage et d’exploitation de notre patrimoine commun ne cesse cependant de grandir et de trouver des échos dans les médias. Cela ne peut que nous inciter à persévérer !

Focus sur les métiers de l’image

focus
Image et information


Rechercher, trier, indexer, formater, légender, animer… Informer par l’image, c’est maîtriser toute une chaîne d’opérations qui convoquent autant de savoir faire que de cultures. Des archives audiovisuelles aux reconstitutions virtuelles en archéologie, en passant par l’infographie et la cartographie, des professionnels viennent raconter les coulisses de leur métier, pour partager avec nous toute la richese et la complexité du médium image.

Rencontre organisée et animée par les étudiants de la licence Infocom de Paris Ouest Nanterre dans le cadre du cours « Image et Information » assuré par Louise Merzeau.

Intervenants :

• Thomas SAGORY, en charge du développement numérique au musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye ;
• Olivier Bourgeois, responsable de la société néerlandaise map4news.com qui propose un logiciel d’édition en ligne de cartographie ;
• Valérie Canton-Pont et Christine Maertens documentalistes à l’Ina (archives et dépôt légal de l’audiovisuel)

Jeudi 10 décembre 2015 à 10h
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Salle Reverdy, Rez-de-chaussée du Bât. L

 

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Pas de libertés sans communs, pas de communs sans libertés

Ce texte reproduit un communiqué publié par le collectif SavoirsCOM1 le 20 novembre 2015.


Le collectif SavoirsCom1 exprime ses plus vives inquiétudes en réaction à la pente sécuritaire que le et la grande majorité des représentants/élus/politiciens semblent suivre, suite aux attentats survenus le 13 novembre dernier.

L’adoption à une écrasante majorité par l’ du projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une période de 3 mois en est une première manifestation. Mais le pire est sans doute à venir, notamment dans le cadre de la réforme de la Constitution annoncée par le Président de la République.

En tant que collectif dédié à la promotion des communs de la connaissance, nous tenons aujourd’hui à dénoncer cette spirale sécuritaire, parce qu’il y a un lien consubstantiel entre les Communs et les libertés fondamentales.

Depuis la création du collectif SavoirsCom1 en 2012, nous avons œuvré pour la défense des Communs, parce que nous avons la conviction qu’ils sont une condition de l’exercice concret des droits de l’homme, notamment par l’accès à l’information, à la culture et à la connaissance. Et, s’il n’y a pas de libertés effectives sans Communs, il n’y a pas non plus de Communs possibles sans garantie des libertés.

Ce rapport étroit entre Communs et libertés remonte à leurs origines. C’était le sens de la Magna Carta, la première grande Charte les libertés du peuple anglais adoptée au XIIIe siècle, qui a servi de matrice aux déclarations des droits de l’homme qui ont suivi dans l’histoire. Ce texte consacrait pour la première fois des droits opposables au Souverain, pour garantir la sûreté des individus contre l’arbitraire et leur offrir des recours en justice. La Magna Carta a été complétée ensuite par la Charte des Forêts, premier instrument juridique à reconnaître et protéger les droits d’usage liés aux Communs. Ces deux textes constituent en réalité les deux faces inséparables d’une même pièce.

Pour créer et administrer des communs, les groupes ont besoin de pouvoir se former et exercer leur d’opinion, d’expression, de réunion, de déplacement et de manifestation. C’est cette possibilité d’agir collectivement que l’installation d’un état d’exception permanent va gravement affecter. Or, comme l’ont montré Pierre Dardot et Christian Laval dans leur ouvrage Commun, la capacité d’action collective des groupes constitue le « principe politique du Commun ».

Notre collectif a demandé à de nombreuses reprises que l’État se fasse le « garant des communs », notamment par des politiques publiques permettant de les protéger contre les enclosures et de favoriser leur développement. Le premier devoir de l’État est par ailleurs de garantir les libertés fondamentales. Au lieu de cela, il se dote d’un arsenal législatif qui vise à en limiter l’exercice au nom de la sécurité. La criminalisation d’un grand nombre d’usages en ligne nous inquiète particulièrement, car elle dénie la capacité d’Internet à servir de support à l’action collective.

Les attentats brutaux qui ont frappé le pays sont eux-mêmes une attaque directe des libertés auxquelles nous proclamons ici notre attachement. La lutte contre le terrorisme ne doit pas produire le même effet en compromettant les droits les plus fondamentaux et en escamotant le nécessaire débat sur les causes de ces atrocités et les moyens d’y faire face.

Pas de libertés sans communs, pas de communs sans libertés. Nous appelons tous les acteurs partageant cette conviction à manifester par tous les moyens leur opposition la plus ferme à la dérive sécuritaire à laquelle nous assistons, et à dénoncer le discours unanimiste dont elle se drape.

Prendre une photo comme on dépose une offrande

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Aux lendemains des attentats de Paris, devant le Bataclan, la Belle Équipe, le Petit Cambodge ou le Carillon, messages, fleurs, offrandes, images et bougies s’accumulent sur les trottoirs. Nombreux sont ceux qui viennent se recueillir, déposer un objet, verser quelques larmes. Nombreux aussi sont ceux qui prennent des photographies.

Il n’y a pas si longtemps, on aurait jugé inconvenant ou obscène de photographier les lieux du recueillement, dans le moment même où celui-ci s’exprime.
Comme si l’appareil avait quelque chose de grossier que les bouquets et les larmes n’ont pas. Comme si regarder par un viseur, c’était ne plus ressentir et devenir voyeur de la douleur des autres. Comme si l’image enfin ne pouvait qu’être volée au chagrin.

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Mais aujourd’hui, en cette triste journée de novembre où les Parisiens sortent lentement de l’hébétude et de la sidération, ils prennent des photos comme on dépose une offrande. D’un même geste, silencieusement, méticuleusement, respectueusement.

L’image qu’ils emporteront est l’exact miroir de celles qu’ils accrochent aux rideaux de fer ou qu’ils confient au pavé. Elle témoignera, non pas de ce qui a eu lieu, mais d’eux-mêmes comme témoins.

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Car la prise de vue aujourd’hui peut être compassionnelle, comme elle est d’autres jours conversationnelle, festive ou ludique. Tendre l’appareil vers l’autre, ce n’est pas lui voler son image, mais lui donner mon attention, lui adresser mon regard.

Comble paradoxal de la présence : multiplier les vues pour habiter pleinement l’instant, et penser déjà aux réverbérations du partage. Prendre une photo pour ceux qui ne sont plus là, prendre une photo pour soi (et même, pourquoi pas, de soi), prendre une photo pour tous ceux qui restent et qui vivront avec moi au milieu des images.

Profil et collectif

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Séminaire Écritures numériques et éditorialisation


Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service. À la fois collectionneur et collection de données, quelle autonomie peut-il retirer de l’éditorialisation de soi ? Est-elle le stade ultime d’une aliénation aux logiques de profilage, comme dans les formes extrêmes de quantified-self ? Ou désigne-t-elle une voie d’émancipation par laquelle le sujet se réapproprie la production de son identité ?
Mis en réseau, l’individu connecté est aussi traversé par les autres, s’écrivant lui-même dans un tressage de réactions, conversations, bifurcations. À partir de quand ce réseau produit-il autre chose que de l’interaction ? Entre le like et la redocumentarisation collaborative, y a-t-il seulement une différence de degré, ou l’éditorialisation ne commence-t-elle qu’à partir d’un certain seuil d’intervention ? La connexion ne suffit pas à produire du collectif. L’éditorialisation en revanche implique une intentionnalité de mise en commun, à travers des protocoles de discussion, de réplicabilité et de transmission. Peut-on alors considérer que l’éditorialisation serait ce qui permet de passer du graphe au groupe ?

Avec

Irène Bastard, ingénieur et docteur en sociologie, mêlant dans ses travaux sur les TIC des approches opérationnelles et des études d’usage. Elle a participé au projet Algopol pour la mise en œuvre d’une application permettant d’enquêter à partir des comptes Facebook des participants à l’étude. Ses recherches portent en particulier sur le partage des informations en ligne, activité explorée à partir des traces numériques accumulées sur chaque compte d’enquêtés par Facebook et à partir d’enquêtes qualitatives avec des adolescents.

Éric Méchoulan, Ph.D. de théorie littéraire au Département de littérature comparée de l’Université de Montréal et docteur ès lettres de la Sorbonne nouvelle, professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal depuis 1995.
Il s’intéresse à l’environnement numérique avec deux équipes : « Modèle d’une lecture hypertextuelle d’une pensée politique de Pascal » et « archiver à l’âge du numérique ». Ses recherches actuelles portent sur l’histoire matérielle des idées et les études intermédiales en proposant une « herméneutique des supports ». Il dirige actuellement le Virtuoso (Centre de recherche sur les usages, cultures et documents numériques). Il a notamment publié D’où nous viennent nos idées ? Métaphysique et intermédialité (VLB, 2010).

Les deux intervenants nous proposent de réfléchir et de dialoguer à partir des deux textes suivants :
• Éric Mechoulan, Profil éphémère (extrait de l’article @ : @ddress, @ttention, @rchive, @dministration)
• Irène Bastard, Extrait de la méthode Algopol

IRI / Sens public / Dicen-IDF
18 novembre 2015, Centre Georges Pompidou (salle Triangle), Paris
séance en duplex avec Montréal, avec synchronisation par PolemicTweet

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