Mémoire partagée


Dictionnaire des biens communs


Cet article examine l’hypothèse selon laquelle la mémoire partagée représente une forme archétypale de commun, pouvant être comprise à la fois comme une condition et comme une résultante de toute mise en commun. En le distinguant de la mémoire collective théorisée par Halbwachs (qui résulte de l’unification des mémoires individuelles par l’action externe des cadres sociaux), on s’intéresse ici au processus du partage, qui suppose une volonté de réunir ou s’échanger au sein d’un groupe des ressources mémorielles selon des règles et pour une finalité qu’il détermine lui-même. Opérateur d’intelligibilité autant que de transformation, le partage mémoriel porte des enjeux de reconnaissance, de connaissance ou d’institution, qui se concentrent dans la collecte et l’éditorialisation des traces. Ces opérations sont largement conditionnées par les dispositifs techniques et organisationnels qui les sous-tendent, et que le numérique a profondément renouvelés, soit dans le sens d’une industrialisation des mémoires, soit dans le sens d’un paradigme collaboratif en adéquation avec l’esprit des communs.

Textes réunis par Marie Cornu-Volatron, Fabienne Orsi et Judith Rochfeld
P.U.F., Collection « Quadrige »
ISBN : 978-2-13-065411-7
1248 pages – Parution prévue en août 2017

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Pour citer cet article

Louise Merzeau. Mémoire partagée. In Cornu-Volatron M., Orsi F., Rochfeld J. (dir.), Dictionnaire des biens communs. Presses universitaires de France, 2017.
ISBN : 978-2-13-065411-7

 

De la bibliothèque à l’Internet : la matrice réticulaire


Robert Damien, du lecteur à l’électeur.
Bibliothèque, démocratie et autorités


Par l’ordonnancement méthodique des livres, la bibliothèque institue la confrontation des raisons qui pourra guider le conseil de lecture, lui-même modèle et condition du conseil au prince ou au peuple souverain. Dans cette perspective, l’entrée des dispositifs sociotechniques dans l’ère numérique doit être interrogée dans les mêmes termes : quel type de pluralité, de liberté et de discernement autorise-t-elle ? Quelle structure d’autorité organise-telle ? En un mot, quelle sorte de matrice l’environnement numérique installe-t-il dans l’espace du savoir et de la cité ? Pour répondre, sans doute faut-il d’abord renoncer à penser l’Internet à partir de ce modèle de la bibliothèque. Pour la très grande majorité des utilisateurs, Internet est en effet tout autre chose qu’une bibliothèque : c’est un milieu de vie plus qu’un support et c’est cette dimension « écologique » qu’il convient aujourd’hui de penser. Dans ce nouvel écosystème, les individus exercent toutes sortes d’activités très éloignées de l’acte de lecture institué par la bibliothèque, mais ce qui en fait la caractéristique, c’est qu’elles sont toujours en même temps des activités informationnelles. Ces pratiques informationnelles obéissent à de nouvelles règles, où la médiation identitaire réorganise tous les contenus autour de la personne, elle-même redéfinie comme grappe de données connectées. Au conseil, tend ainsi à se substituer le principe de la recommandation, qui dépend avant tout d’une économie de l’attention. Ce régime ne suspend pas le principe d’autorité, mais il en modifie profondément l’architecture, les industries de la recommandation dissimulant la complexité croissante de ces procédures derrière une phraséologie de la fluidité, de la transparence et de l’immédiateté. Il revient alors aux bibliothèques, non de faire entrer de force l’Internet dans leur propre modèle, mais de développer des politiques de médiation, de métadocumentation et d’éditorialisation pour produire une intelligibilité du réseau qui aiderait les citoyens numériques à produire collectivement du conseil…

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Textes réunis par Thomas Boccon-Gibod, Cristina Ion et Éric Mougenot

L’œuvre de Robert Damien se construit autour de la notion d’autorité : autorité du livre, de la bibliothèque et de son classement, du chef. Cet ouvrage, issu d’une journée d’étude organisée à la Bibliothèque nationale de France en 2014, s’ouvre en deux parties cohérentes à la pensée de Robert Damien : la première traite du « testament bibliothécaire », et la seconde se consacre au « principe autorité ». Pour le philosophe Robert Damien, la bibliothèque peut être vue comme le lieu central et finalement sacré où se forme une expérience intellectuelle radicalement neuve qui confère à la vie politique moderne une dimension véritablement spirituelle.

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Pour citer cet article

Louise Merzeau. De la bibliothèque à l’Internet : la matrice réticulaire. In Boccon-Gibod Thomas, Ion Cristina et Mougenot Éric (dir.), Robert Damien, du lecteur à l’électeur. Bibliothèque, démocratie et autorité. Presses de l’Enssib / BnF Éditions, 2017.
ISBN 978-2-37546-061-0.

 

L’expérience transmédiatique : inclusion, environnement, communs

couv-homme-traceL’Homme-trace. Inscriptions corporelles et techniques


En s’écartant des conceptions courantes de la fracture numérique et de l’exclusion, on se propose d’interroger les conditions de l’e-inclusion à partir d’une pensée de l’environnement-support et de l’expérience transmédiatique. Opposant le paradigme de la présence à celui de la performance, on reviendra sur les injonctions paradoxales qui sous-tendent les discours sur le supposé écart ou retard à combler, pour leur opposer une réflexion sur l’action dispositive. En réintroduisant les questions de contextualisation, de médiation, d’organisation et de mémorisation dans le processus d’insertion, on suggèrera de replacer la problématique du handicap dans celle, plus large, du monde partagé et des biens communs
.

Cet article reprend  les propos tenus lors de la journée Handicap psychique et insertion organisée au Havre en mars 2014.

Ouvrage dirigé par Béatrice Galinon-Mélénec, Fabien Liénard et Sami Zlitni
CNRS éditions, Collection CNRS Alpha, 2015, 284 p.

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Pour citer cet article

Louise Merzeau “L’expérience transmédiatique : inclusion, environnement, communs”, in B. Galinon-Mélénec, Fa. Liénard, S. Zlitni (dir.), L’Homme-trace. Inscriptions corporelles et technique, CNRS éditions, 2015, p.115-128.

 

Qu’est-ce que le digital labor ?

couv-digital-labor
Dialogue entre Dominique Cardon et Antonio Casilli


Cet ouvrage est le résultat d’un dialogue entre Dominique Cardon et Antonio Casilli, engagé en juin 2014 lors d’une séance des ateliers de recherche méthodologique du dépôt légal du Web à l’Ina sur le thème du digital labor. Au travers d’échanges nourris, antagonistes parfois, ils ont abordé avec une hauteur de vue exemplaire les questions liées aux enjeux de la production de valeur sur Internet et à la qualification des usages numériques ordinaires comme travail. Ces ateliers, animés depuis 2009 par Louise Merzeau, ont vocation à accompagner les usages de recherche sur et à partir du web archivé. Ils sont l’occasion de débats sur les grands enjeux de la transition numérique.

Institut National de l’Audiovisuel, août 2015
Collection « Études et controverses »

Pour citer cet ouvrage

Dominique Cardon et Antonio Casilli, Qu’est-ce que le digital labor ?, Institut National de l’Audiovisuel, Collection « Études et controverses », 2015, 104 p.

Reconnaissance et épaisseur temporelle

couv-reconnaissanceReconnaissance et temporalités. Une approche info- communicationnelle


Que désirons-nous faire reconnaître lorsque nous luttons pour une reconnaissance ? Une identité, un statut, une qualité ? Ou bien un savoir, une histoire, une mémoire ? Entre ces deux séries, la différence, apparemment infime, est sans doute considérable : de l’une à l’autre, s’est ajoutée une épaisseur temporelle et, à travers elle, l’enjeu d’un nous qui l’aurait en partage. En interrogeant la possibilité d’ajouter aux trois degrés de reconnaissance identifiés par Axel Honneth – l’amour, le droit, la solidarité – une quatrième entrée située dans le temps, le présent ouvrage accomplit un geste épistémologique et pragmatique important, et plus que jamais nécessaire.

Sous la direction de Jean-Claude Domenget, Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong
Préface de Louise Merzeau

L’Harmattan
Collection : Communication et civilisation
ISBN : 9782343067186 – 290 pages
juillet 2015

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Pour citer cet ouvrage

Jean-Claude Domenget, Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong, Reconnaissance et temporalités. Une approche info- communicationnelle, L’Harmattan, Collection « Communication et civilisation », 2015, 290 p.