Le Cercle des médiologues
La transmission, qui veille au passage des messages à travers le temps long de l’Histoire, se distingue de la communication qui met les individus en contact. La première opère nécessairement en différé, la seconde peut, grâce aux nouvelles technologies, atteindre au direct et à l’interactivité. Le capital symbolique d’une culture se transmet, une certaine coprésence communautaire se communique. Face aux empiétements du modèle publicitaire et aux brouillages des séductions relationnelles, un impérieux besoin d’ancrage semble apparaître dans de nombreuses démocraties avancées. On y réclame une stabilisation symbolique et une durée longue des institutions. Mais cette exigence de recentrage sur le “transmettre” se heurte de plein fouet aux désirs de “communiquer” induits par la puissance croissante de nos technologies. Qu’arrive-t-il à l’École, à l’État, à la Culture quand la nécessaire transmission d’un savoir, d’une tradition ou d’une histoire affronte quotidiennement l’urgence et la fugacité du tout communicationnel? Posées à Cerisy lors d’un colloque (juillet 2000) publié dans le n°12 des Cahiers de médiologie, ces questions prennent aujourd’hui une acuité nouvelle dans les débats de société que suscitent les actuelles échéances politiques.
Émission de Pierre-Marc de Biasi sur France Culture
Diffusée en mai 2002 en direct du Salon du Livre
Dossier conçu et présenté par Pierre-Marc de Biasi, Daniel Bougnoux, Françoise Gaillard et Louise Merzeau.
Avec Régis Debray, Nicolas Bourriaud (Palais de Tokyo), Claude Mollard (CNDP), Michel Robineau (proviseur), Alain Seksig (inspecteur de l’Éducation nationale)