Temps et temporalités du web

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Projet ANR Web90


Si le fonctionnement en temps réel, la promesse de l’instantanéité et l’accélération continue des échanges sont des éléments récurrents des discours fondateurs sur les  « nouvelles technologies de l’information et de la communication », force est de constater que celles-ci n’ont aboli ni le temps ni l’espace.
Bien au contraire, les rapports différenciés au temps se sont multipliés et structurent l’expérience contemporaine du numérique : enchâssées dans la longue durée se succèdent les « révolutions » ininterrompues de la technique, tandis que dissimulée derrière l’éphémère du fil de discussion se cache la permanence des données répliquées, et derrière les soubresauts de la toile et des réseaux socionumériques la complexité de l’événement.
Ce sont ces temporalités variées que le colloque souhaite mettre en lumière et interroger, au travers de l’analyse du Web dans ses dimensions passées, présentes et futures, individuelles comme collectives, sociales tout autant que techniques, économiques et politiques. Il s’agira également de prêter une attention particulière aux pratiques qui, de l’hyperconnectivité à la cyberflânerie, des flux de données à l’archivage du Web, font de la toile une expérience nouvelle de la durée et de l’instant.

[extrait du programme]

Colloque organisé par l’équipe du projet ANR Web90 piloté par Valérie Shaeffer
Du 1er au 3 décembre, ISCC, Paris
hashtag : #TTOW

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Qui s’élèvera dans le domaine public en 2016 ?

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Pour la 3e année consécutive, Romaine Lubrique et SavoirsCom1 proposent leur calendrier de l’Avent du domaine public, pour célébrer l’entrée de nouveaux auteurs dans le domaine public.

Chaque jour du mois de décembre, sera révélé le nom d’une des 31 personnalités sélectionnées par les membres du collectif (écrivain, dessinateur, peintre, compositeur, théologien, biologiste…) dont les œuvres seront libérées du verrou de la propriété intellectuelle pour rejoindre les communs de la culture au 1er janvier 2016.

Circles in a Circle, 1923 (source : Wikimedia Commons)

Jean Giraudoux, Edvard Munch ou Vassily Kandinski avaient été les vedettes du calendrier de l’Avent en 2015. La promotion 2016 nous réserve aussi de belles surprises, célèbres ou à redécouvrir…
A noter que pour la première fois, le Calendrier du domaine public aura une dimension internationale : un collectif canadien proposera sa propre version, d’après la législation en vigueur au Canada (où le droit d’auteur n’est que de 50 ans après la mort de l’auteur, contre 70 ans en Europe).

À noter également que la défense du domaine public a été cette année au cœur de nombreux débats. Rapport Reda au niveau européen, vote de la loi sur la liberté de création en France, ou encore consultation citoyenne pour le projet de loi pour une République numérique ont été autant d’occasions de faire avancer la reconnaissance du domaine public et des communs de la connaissance, même si beaucoup de ces initiatives ont été bloquées par le lobby des ayants droit (cf. le retrait de l’article 8).
La revendication d’un droit d’accès, de partage et d’exploitation de notre patrimoine commun ne cesse cependant de grandir et de trouver des échos dans les médias. Cela ne peut que nous inciter à persévérer !

Prendre une photo comme on dépose une offrande

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Aux lendemains des attentats de Paris, devant le Bataclan, la Belle Équipe, le Petit Cambodge ou le Carillon, messages, fleurs, offrandes, images et bougies s’accumulent sur les trottoirs. Nombreux sont ceux qui viennent se recueillir, déposer un objet, verser quelques larmes. Nombreux aussi sont ceux qui prennent des photographies.

Il n’y a pas si longtemps, on aurait jugé inconvenant ou obscène de photographier les lieux du recueillement, dans le moment même où celui-ci s’exprime.
Comme si l’appareil avait quelque chose de grossier que les bouquets et les larmes n’ont pas. Comme si regarder par un viseur, c’était ne plus ressentir et devenir voyeur de la douleur des autres. Comme si l’image enfin ne pouvait qu’être volée au chagrin.

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Mais aujourd’hui, en cette triste journée de novembre où les Parisiens sortent lentement de l’hébétude et de la sidération, ils prennent des photos comme on dépose une offrande. D’un même geste, silencieusement, méticuleusement, respectueusement.

L’image qu’ils emporteront est l’exact miroir de celles qu’ils accrochent aux rideaux de fer ou qu’ils confient au pavé. Elle témoignera, non pas de ce qui a eu lieu, mais d’eux-mêmes comme témoins.

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Car la prise de vue aujourd’hui peut être compassionnelle, comme elle est d’autres jours conversationnelle, festive ou ludique. Tendre l’appareil vers l’autre, ce n’est pas lui voler son image, mais lui donner mon attention, lui adresser mon regard.

Comble paradoxal de la présence : multiplier les vues pour habiter pleinement l’instant, et penser déjà aux réverbérations du partage. Prendre une photo pour ceux qui ne sont plus là, prendre une photo pour soi (et même, pourquoi pas, de soi), prendre une photo pour tous ceux qui restent et qui vivront avec moi au milieu des images.

Profil et collectif

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Séminaire Écritures numériques et éditorialisation


Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service. À la fois collectionneur et collection de données, quelle autonomie peut-il retirer de l’éditorialisation de soi ? Est-elle le stade ultime d’une aliénation aux logiques de profilage, comme dans les formes extrêmes de quantified-self ? Ou désigne-t-elle une voie d’émancipation par laquelle le sujet se réapproprie la production de son identité ?
Mis en réseau, l’individu connecté est aussi traversé par les autres, s’écrivant lui-même dans un tressage de réactions, conversations, bifurcations. À partir de quand ce réseau produit-il autre chose que de l’interaction ? Entre le like et la redocumentarisation collaborative, y a-t-il seulement une différence de degré, ou l’éditorialisation ne commence-t-elle qu’à partir d’un certain seuil d’intervention ? La connexion ne suffit pas à produire du collectif. L’éditorialisation en revanche implique une intentionnalité de mise en commun, à travers des protocoles de discussion, de réplicabilité et de transmission. Peut-on alors considérer que l’éditorialisation serait ce qui permet de passer du graphe au groupe ?

Avec

Irène Bastard, ingénieur et docteur en sociologie, mêlant dans ses travaux sur les TIC des approches opérationnelles et des études d’usage. Elle a participé au projet Algopol pour la mise en œuvre d’une application permettant d’enquêter à partir des comptes Facebook des participants à l’étude. Ses recherches portent en particulier sur le partage des informations en ligne, activité explorée à partir des traces numériques accumulées sur chaque compte d’enquêtés par Facebook et à partir d’enquêtes qualitatives avec des adolescents.

Éric Méchoulan, Ph.D. de théorie littéraire au Département de littérature comparée de l’Université de Montréal et docteur ès lettres de la Sorbonne nouvelle, professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal depuis 1995.
Il s’intéresse à l’environnement numérique avec deux équipes : « Modèle d’une lecture hypertextuelle d’une pensée politique de Pascal » et « archiver à l’âge du numérique ». Ses recherches actuelles portent sur l’histoire matérielle des idées et les études intermédiales en proposant une « herméneutique des supports ». Il dirige actuellement le Virtuoso (Centre de recherche sur les usages, cultures et documents numériques). Il a notamment publié D’où nous viennent nos idées ? Métaphysique et intermédialité (VLB, 2010).

Les deux intervenants nous proposent de réfléchir et de dialoguer à partir des deux textes suivants :
• Éric Mechoulan, Profil éphémère (extrait de l’article @ : @ddress, @ttention, @rchive, @dministration)
• Irène Bastard, Extrait de la méthode Algopol

IRI / Sens public / Dicen-IDF
18 novembre 2015, Centre Georges Pompidou (salle Triangle), Paris
séance en duplex avec Montréal, avec synchronisation par PolemicTweet

consulter le site du séminaire

Reconnaissance et épaisseur temporelle

couv-reconnaissanceReconnaissance et temporalités. Une approche info- communicationnelle


Que désirons-nous faire reconnaître lorsque nous luttons pour une reconnaissance ? Une identité, un statut, une qualité ? Ou bien un savoir, une histoire, une mémoire ? Entre ces deux séries, la différence, apparemment infime, est sans doute considérable : de l’une à l’autre, s’est ajoutée une épaisseur temporelle et, à travers elle, l’enjeu d’un nous qui l’aurait en partage. En interrogeant la possibilité d’ajouter aux trois degrés de reconnaissance identifiés par Axel Honneth – l’amour, le droit, la solidarité – une quatrième entrée située dans le temps, le présent ouvrage accomplit un geste épistémologique et pragmatique important, et plus que jamais nécessaire.

Sous la direction de Jean-Claude Domenget, Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong
Préface de Louise Merzeau

L’Harmattan
Collection : Communication et civilisation
ISBN : 9782343067186 – 290 pages
juillet 2015

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Pour citer cet ouvrage

Jean-Claude Domenget, Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong, Reconnaissance et temporalités. Une approche info- communicationnelle, L’Harmattan, Collection « Communication et civilisation », 2015, 290 p.