Le profil : une rhétorique dispositive

Eustace Emoji Cropped. Par Fred Benenson. CC-BY 2.0. Source : Flickr

Itinéraires


Plus que sur une image de soi, l’ethos numérique repose sur un système conversationnel alimenté par un traitement algorithmique de métadonnées. D’un côté, les machines captent les régularités des internautes. De l’autre, les individus administrent leur notoriété en intériorisant la normativité des plateformes. Jouant sur une double logique de documentation et de relation, le profil offre une architecture privilégiée à cette nouvelle forme d’ethos. Fonctionnant comme territoire et comme matrice, il permet aussi de dépasser l’horizon individuel pour rattacher l’ethos à un commun.

Ethos numériques
numéro dirigé par Christèle Couleau, Oriane Deseilligny et Pascale Hellégouarc’h
Itinéraires 2015-3 | 2016
Pour citer cet article

Louise Merzeau, « Le profil : une rhétorique dispositive », Itinéraires [En ligne], 2015-3 | 2016, http://itineraires.revues.org/3056 ; DOI : 10.4000/itineraires.3056

Le Profil comme architecture du savoir

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Séminaire Écritures numériques et éditorialisation


Devenue ressort et vecteur de la présence en ligne, la forme profilaire ne circonscrit plus seulement des identités. Fonctionnant de plus en plus comme une matrice organisationnelle, le profil devient un modèle de structuration, d’articulation et de représentation des savoirs. À mesure que les individus s’éditorialisent, la construction de leur réseau de relations configure de fait des espaces documentaires, des architectures informationnelles et des jeux de données qui s’élaborent selon des logiques affinitaires autant que cognitives. Dans quelle mesure ces modes d’agencement transmédia affectent-ils l’organisation et la transmission des connaissances ? Le profil peut-il être considéré comme un outil d’archivage et de navigation dans le savoir ? Comment mémoire et fiction viennent-elles enrichir ou compliquer cette nouvelle disposition des sources et ressources ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans cette séance.

Avec :

Maude Bonenfant est professeure-chercheuse à l’Université du Québec à Montréal et docteure en sémiologie. Ses recherches sont orientées vers les dimensions sociales des technologies de communication et des réseaux numériques, les communautés en ligne ainsi que les pratiques des jeux vidéo et des outils de communication informatique. Elle est directrice du groupe de recherche Homo Ludens sur les pratiques de jeu et la communication dans les mondes numériques et codirectrice du Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ).

Manuel Zacklad est professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Ses recherches actuelles couvrent l’étude des mutations sociales et organisationnelles induites par la généralisation du numérique abordée sous l’angle de la théorie du document (documentarisation et documents pour l’action) ; la conception de nouveaux dispositifs de diffusion et de partage de l’information impliquant de nouveaux systèmes d’organisation des connaissances (web socio-sémantique) et la recherche de nouvelles formes d’innovation sociotechnique s’inscrivant dans la perspective des économies de la convivialité basée sur l’analyse des processus de coopération prenant en compte les activités dites « immatérielles et relationnelles » (sémiotique des transactions coopératives).

schema-Zacklad-edito15Son intervention aura pour titre Organisation des connaissances profilaire et dispositifs de médiation numérique : mise en scène normative des agencement collectifs, détournements, évitements, abandons

 

IRI / Sens public / Dicen-IDF / Université de Montréal
jeudi 14 avril 2016, Centre Georges Pompidou (salle Triangle), Paris 17h30
séance en duplex avec Montréal, avec synchronisation par PolemicTweet

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Quelle maîtrise de l’identité numérique ?

CemtiCriticPour une éducation critique aux médias en contexte numérique


Depuis leur émergence dans les années 1980, les démarches d’éducation aux médias revendiquent l’objectif de développer l’esprit critique, de mettre en mouvement la citoyenneté, de faire advenir individuation, responsabilisation, et de proposer des outils d’analyse face aux contenus médiatiques. Dans le contexte scolaire en France, ces démarches se sont souvent trouvées entravées par l’appréhension de faire entrer dans l’école des contenus, des dispositifs produits par des industries culturelles, dont la qualité pouvait être contestée et qui, institutionnalisés ainsi, risquaient d’apparaitre comme des modèles aux yeux des apprenants. L’école française, à travers le CLEMI, a longtemps orienté les activités d’éducation aux médias autour de l’information, considérée comme un genre médiatique noble car tourné vers le politique, ouvrant ses portes aux journalistes professionnels et favorisant l’apprentissage de ses codes dans les journaux scolaires. Depuis 2013, un tournant a été pris, mais celui-ci reste profondément ambivalent. La loi de refondation de l’école a inscrit dans ses missions fondamentales une éducation aux médias et à l’information en centrant les missions pédagogiques sur les dispositifs numériques de fabrication, de publication et de mise en circulation des contenus médiatiques.
[…] Nous chercherons à poser des jalons et à tracer des perspectives que pourrait intégrer une éducation critique aux médias qui ne se réduirait pas à une incantation de l’esprit critique, qui tiendrait compte des difficultés à prendre du recul sur des contenus et des dispositifs du fait à la fois de leur extrême proximité et de la grande opacité de leur fonctionnement.

Lire la suite de l’argumentaire

Interventions de Louise Merzeau et Sébastien Appiotti

8 avril 2016, 9h-12h
MSH Paris Nord

•support de présentation

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Traces éphémères

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Séminaire du laboratoire Dicen-IDF

Alors qu’on ne peut plus ne pas laisser de traces, quelles places et quelles fonctions l’environnement numérique accorde-t-il à l’éphémère ?
Les revendications d’un droit à l’oubli (désormais entré dans la pratique) et le succès des applications où les contenus échangés sont censés rester éphémères ont attiré l’attention sur une (nouvelle ?) demande de non-traçabilité, qui reste à interroger. Recherche de confidentialité, de tranquillité, de légèreté, écriture mobile, nouvelle littératie numérique ou simplement dernière promesse d’un marché des données qui épouse au plus près l’évolution des usages ?
Parallèlement, l’évolution des techniques de numérisation et de captation comme des logiques médiatiques semble réduire chaque jour davantage la distance qui séparait le temps de l’archive de l’éphémère. Quantité d’objets infocommunicationnels destinés à ne pas durer (tracts, tags, fresques, tweets…) sont désormais documentés et agrégés au même titre que des contenus pensés d’emblée comme pérennes. L’archive est alors sommée de s’adapter aux éphémères, jusqu’à  devoir se constiter en temps quasi réel.
En quoi les logiques d’archivage et de documentation sont-elles affectées par ces évolutions ? Et que nous apprennent les éphémères dans une culture de la trace numérique ?

  • Louise Merzeau (Dicen-IDF) Tout tracer, même l’éphémère (Introduction)
  • Laurence Allard, Chasser l’éphémère, une vie sous capture d’écran
  • Valérie Schafer et Zeynep Pehlivan, De #jesuischarlie à #offenturen : archivage du patrimoine nativement numérique face aux attentats
  • Julien Hage (Dicen-IDF), Éphémères de crise, mise en crise de l’archive ?
Références biblio-webographiques :
Quelques liens utiles :

Séminaire du laboratoire Dicen-IDF
mardi 16 février 2016 de 14h à 17h, Cnam

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Présence numérique du chercheur : de l’identité à l’environnement

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Vers une culture de la diffusion en sciences humaines et sociales : les 10 ans de HAL-SHS


Quel sens a le dépôt en archives ouvertes pour le chercheur en sciences humaines ? Suffit-il de lui parler diffusion et référencement pour le convaincre d’adopter une démarche d’auto-archivage ? Sans doute faut-il dépasser les performances de l’outil et les services qu’il peut lui rendre (automatisation de certaines tâches, fournitures de CV…), pour replacer le dépôt dans une pratique globale d’éditorialisation scientifique. Celle-ci va de la conversation entre chercheurs à la transmission des connaissances, en passant par la publication, l’indexation, la curation, la redocumentarisation, etc. Cette activité multimodale s’exerce désormais dans un environnement-support, où se croisent des communautés, des degrés d’expertise et des temporalités hétérogènes, et où la logique du partage (dimension sociale, viralité, temps court) n’est pas toujours compatible avec celle de la publication (évaluation, métadonnées, temps long). Dans ce contexte, le seul dénominateur commun n’est plus le document mais l’identité du chercheur, ou plus exactement, la présence numérique à travers laquelle il se manisfeste au autres. Attention, confiance, crédibilité, mais aussi contribution à un espace commun du savoir, que chaque acte éditorial contribue à configurer : l’auto-archivage relève bien d’un éthos numérique et d’une éthique scientifique.

Journée d’étude organisée par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales (InSHS) du CNRS et le Centre pour la Communication Scientifique Directe (CCSD)

18 décembre 2015,  CNRS, Paris

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