Corps et profils

logo-editorialisation
Séminaire Écritures numériques et éditorialisation


L’identité numérique est souvent présentée comme une question d’image – une image de marque qui assure notre visibilité sur le web. Cette visibilité n’est pourtant qu’un aspect superficiel de notre présence numérique, puisque la construction de l’identité se joue davantage au niveau de l’indexation de soi que de la figuration de soi : en d’autres termes, la visibilité n’est plus seulement celle du portrait, ni même celle du corps. Tant et si bien que le profil appelle finalement un enjeu d’invisibilité plutôt que de visibilité, de manière à nous redonner le contrôle de nos traces. Et en effet, de plus en plus d’utilisateurs éditorialisent leur profil en dérogeant aux règles de la représentation notamment imposées par la structure des dispositifs en ligne. Face à ce nouvel enjeu d’invisibilité, le paradigme de la représentation semble devoir être peu à peu abandonné au profit de la production de corps numériques. Le référent n’est plus un enjeu pertinent et le profil se suffit à lui-même : il fait œuvre autant qu’il fait autorité. Dès lors, quel rôle tient désormais l’image dans la production des profils ? Car paradoxalement, nous sommes tous photographes : nos téléphones nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage participant à la constitution de ces identités profilaires. Jouant de la contradiction apparente entre visibilité et invisibilté, de quelle manière l’image peut-elle participer à ces formes inédites de production identitaire ? Peut-on parler d’une corporalité du profil ? Enfin, si le paradigme de la représentation est abandonné, comment ces pratiques d’éditorialisation du profil redéfinissent-elles en retour le statut de l’image ?

Avec :

André Gunthert est enseignant-chercheur en histoire visuelle, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). il dirige également la revue Etudes photographiques. L’image sociale, son carnet de recherches, est spécialisé dans le domaine des études visuelles. Il propose une extension publique de son séminaire de recherche et s’inspire de ses fonctionnements. Il participe à l’agrégation Culture Visuelle.

Servanne Monjour est doctorante en cotutelle, sous la direction de Catherine Mavrikakis (UdeM) et Jean-Pierre Montier (Rennes 2). Elle s’intéresse aux récits de la transition photonumérique en littérature. Elle a publié des articles sur Atiq Rahimi, Joan Fontcuberta et sur les profils numériques de la femme-auteur. Elle est coordonnatrice de la revue savante numérique Sens Public.

Élisabeth Routhier est candidate au doctorat en littérature comparée, à l’Université de Montréal. Depuis ses études de maitrise en sciences de la communication, elle s’intéresse principalement à la poétique intermédiale dans les domaines de la littérature et du cinéma. Sa thèse porte plus précisément sur les rapports entre disparition et remédiation chez Perec, Modiano et Christopher Nolan.

Julie Tremblay-Devirieux

Les intervenants nous proposent de réfléchir et de dialoguer à partir des textes suivants :

  • argumentaire de Servanne Monjour, Élisabeth Routhier et Julie Tremblay-Devirieux (PDF – 35.5 ko)
  • argumentaire d’André Gunthert (PDF 46 Ko)
  • article de Servanne Monjour (PDF – 2.2 Mo)

IRI / Sens public / Dicen-IDF
10 décembre 2015, Centre Georges Pompidou (salle Triangle), Paris 17h30 heure de Paris
séance en duplex avec Montréal, avec synchronisation par PolemicTweet

consulter le site du séminaire
consulter les archives PolemicTweet du séminaire

Profil et collectif

logo-editorialisation
Séminaire Écritures numériques et éditorialisation


Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service. À la fois collectionneur et collection de données, quelle autonomie peut-il retirer de l’éditorialisation de soi ? Est-elle le stade ultime d’une aliénation aux logiques de profilage, comme dans les formes extrêmes de quantified-self ? Ou désigne-t-elle une voie d’émancipation par laquelle le sujet se réapproprie la production de son identité ?
Mis en réseau, l’individu connecté est aussi traversé par les autres, s’écrivant lui-même dans un tressage de réactions, conversations, bifurcations. À partir de quand ce réseau produit-il autre chose que de l’interaction ? Entre le like et la redocumentarisation collaborative, y a-t-il seulement une différence de degré, ou l’éditorialisation ne commence-t-elle qu’à partir d’un certain seuil d’intervention ? La connexion ne suffit pas à produire du collectif. L’éditorialisation en revanche implique une intentionnalité de mise en commun, à travers des protocoles de discussion, de réplicabilité et de transmission. Peut-on alors considérer que l’éditorialisation serait ce qui permet de passer du graphe au groupe ?

Avec

Irène Bastard, ingénieur et docteur en sociologie, mêlant dans ses travaux sur les TIC des approches opérationnelles et des études d’usage. Elle a participé au projet Algopol pour la mise en œuvre d’une application permettant d’enquêter à partir des comptes Facebook des participants à l’étude. Ses recherches portent en particulier sur le partage des informations en ligne, activité explorée à partir des traces numériques accumulées sur chaque compte d’enquêtés par Facebook et à partir d’enquêtes qualitatives avec des adolescents.

Éric Méchoulan, Ph.D. de théorie littéraire au Département de littérature comparée de l’Université de Montréal et docteur ès lettres de la Sorbonne nouvelle, professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal depuis 1995.
Il s’intéresse à l’environnement numérique avec deux équipes : « Modèle d’une lecture hypertextuelle d’une pensée politique de Pascal » et « archiver à l’âge du numérique ». Ses recherches actuelles portent sur l’histoire matérielle des idées et les études intermédiales en proposant une « herméneutique des supports ». Il dirige actuellement le Virtuoso (Centre de recherche sur les usages, cultures et documents numériques). Il a notamment publié D’où nous viennent nos idées ? Métaphysique et intermédialité (VLB, 2010).

Les deux intervenants nous proposent de réfléchir et de dialoguer à partir des deux textes suivants :
• Éric Mechoulan, Profil éphémère (extrait de l’article @ : @ddress, @ttention, @rchive, @dministration)
• Irène Bastard, Extrait de la méthode Algopol

IRI / Sens public / Dicen-IDF
18 novembre 2015, Centre Georges Pompidou (salle Triangle), Paris
séance en duplex avec Montréal, avec synchronisation par PolemicTweet

consulter le site du séminaire

Le profil : un nouveau territoire imaginaire ?

territoires_numeriques

Territoires numériques de marques

Cette communication montrera comment le profil constitue aujourd’hui une matrice commune aux logiques mémorielles et aux stratégies marketing. Fédérant des communautés autour de récits unifiants – qui peuvent relever de la fiction tout en s’alimentant à des bases de données – le profil est bien plus qu’une carte de visite ou une vitrine : il structure de nouveaux modes de navigation, de partage, de documentarisation et d’identification qui circonscrivent autant de territoires imaginaires.

Journée d’étude organisée par les chercheurs en Sciences de l’Information et de la Communication de l’axe Outils de gestion et dynamiques organisationnelles (OGDO) du Centre de Recherche en Gestion (CEREGE, EA 1722).

Argument scientifique de la journée

D’un point de vue théorique, nous souhaitons nous interroger sur les différentes transpositions envisageables d’un « territoire » aux « territoires numériques » (Le Béchec) et de mettre en relief les possibles d’une « territoire de marques » autour de multiples notions telles que transposition, autorité, convention, communauté, identité, attachement, signes, mémoire, biens communs, données, algorithmes. De nombreux questionnements autant théoriques qu’empiriques restent encore à développer. Peut-on transposer la notion de territoire au numérique et plus spécifiquement au web ? Comment définir des territoires dits « numériques » ? Quelle est la place des institutions dans ces territoires ? Quels sont les acteurs de ces territoires « numériques » ? Quelles sont les formes d’autorités qui dessinent ces territoires ? Quelles sont les pratiques des individus pour construire leur territoire ?

Lire la suite

jeudi 16 avril 2015
IAE de Poitiers

• Support de la présentation :

Captation vidéo
territoire-profil

• Télécharger le programme

Visiter le site de l’IAE

PROFIL : Partage, Reconstitution et Organisation de Fictions Identitaires en Ligne

visuel-PROFIL-800pxLabex Les passés dans le présent

Le projet PROFIL (Partage, Reconstitution et Organisation de Fictions Identitaires en Ligne) porté par l’axe 4 du laboratoire Dicen-IDF vient d’être admis à rejoindre, en tant que projet de préfiguration, le Labex Les Passés dans le présent de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense.

Le labex Les passés dans le présent : histoire, patrimoine, mémoire porte sur la présence du passé dans la société contemporaine. Il s’attache plus spécifiquement à comprendre les médiations de l’histoire à l’ère du numérique, les politiques de la mémoire, les appropriations sociales du passé en amont et en aval des politiques patrimoniales.

Le projet consiste à concevoir un dispositif de construction de profils à partir de traces individuelles extraites de ressources conservées dans des collections patrimoniales numérisées ou « nativement » numériques. Les profils seront construits par extraction de données, enrichissements documentaires et prolongements fictionnels, selon des modalités empruntant à la fois au  Web social (crowdsourcing) et au Web des données (datamining), en appliquant des techniques de narration documentaires et fictionnelles.
La finalité d’un tel projet est triple :
•    revisiter le concept de profil tel que l’ont modélisé les industries numériques de l’identité. Entièrement anonymisé, le profil sera envisagé non comme l’empreinte enregistrée d’un individu, mais comme un écosystème transmédiatique résultant d’une éditorialisation collective.
•    favoriser l’appropriation sociale du passé, en explorant les possibilités de redocumentarisation de fonds d’archives, dans une démarche impliquant chercheurs en sciences humaines, archivistes et documentalistes, auteurs et amateurs.
•    expérimenter de nouveaux modèles de collecte et de constitution de corpus, adaptés à la granularité et la mobilité de l’environnement numérique.

Responsables du projet
Louise MERZEAU, Maître de conférences HDR (sciences de l’information et de la communication), Codirectrice du laboratoire Dicen-IDF – équipe Tactic (Traitement et appropriation des connaissances par les TIC)
Nicolas SAURET, Responsable projets media et éditorialisation, Institut de recherche et d’innovation (IRI), Centre Pompidou

Partenaires au sein du labex  
Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC)
Bibliothèque nationale de France (BnF)

Autres partenaires associés
Traitement et appropriation des connaissances par les TIC (Tactic / Dicen-IDF, EA4420)
Institut de recherche et d’innovation (Iri)
Institut national de l’audiovisuel (Ina), dépôt légal du web

Durée : 12 mois

Visiter le site du Labex
Visiter le carnet de recherche du projet