L’archive face au défi de l’éditorialisation mémorielle

logo-Institu-francaisForum Archives numériques et mémoire culturelle

Nos activités sociales, intellectuelles, économiques ou créatives intègrent dans des proportions chaque jour croissantes le traitement informatique et la mise en réseau de données. Dans un tel régime, on ne peut plus ne pas laisser de traces. Du smartphone à la smart city en passant par les moyens de transport, la maison intelligente ou les vêtements connectés, tous nos artefacts sont devenus des machines à enregistrer et traiter de l’information. Dans nos déplacements, nos transactions et nos relations, tout autant que dans nos expressions ou nos productions, nous laissons des traces dont le volume et la nature, désormais incommensurables à la perception humaine, ne peuvent plus être administrés que par des machines.
On a cru un temps que cette mémoire par défaut accomplirait l’auto-archivage de notre modernité et qu’Internet réaliserait le mythe immémorial de la bibliothèque intégrale. Mais la traçabilité numérique révèle aujourd’hui ce qu’elle est : une antimémoire qui court-circuite l’intelligence de l’oubli et menace d’évacuer l’incertitude – existentielle ou historique – au profit d’une prédictibilité des comportements. Convertis en collections de données sur lesquelles ils n’ont plus la main, les individus comme les collectifs doivent donc se réinventer des espaces communs de rétention, d’engrammage et d’indexation porteurs de visées mémorielles, heuristiques et politiques.
Interpelées par cette exigence, les archives voient leur rôle appelé à se renouveler, pour participer activement à cette reconfiguration des mémoires. Déstabilisées par la dissociation entre le document et son support et par les glissements de terrains disciplinaires qui s’en sont suivis, les institutions archivales doivent aujourd’hui négocier le passage de la numérisation du patrimoine à la patrimonialisation du numérique. Pour y parvenir, les logiques d’archivage auront à s’hybrider avec les logiques de flux, en tenant compte des nouveaux usages et des métaprotocoles d’édition, de publication et de partage imposés par les acteurs du Web. De plus en plus transmédia, la mémoire doit repenser ses conditions d’éditorialisation, qui sont aussi celles de sa communautarisation et de la transmission d’une culture numérique.

Conférence conclusive au Forum Archives numériques et mémoire culturelle : politiques, enjeux, méthodes
organisé par l’Institut français d’Allemagne
en partenariat avec l’Institut français de Paris et le Deutscher Kulturrat (Conseil allemand pour la culture),
avec le soutien de l’INA, de la BNF et du Ministère français de la Culture et de la Communication.

10 novembre 2014
Berlin, Ambassade de France

Livestream
Archive du fil Twitter #ArchivesNum
Report by Emmanuelle Chaze [en]

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Le Flâneur impatient

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Rythmes

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Si tout le monde en déplore ou en vante les effets, personne ne peut habiter l’instantanéité. À l’instar des calculs effectués par les programmes informatiques, la suspension de tout délais, de toute durée, de toute élasticité demeure étrangère à l’expérience, parce que celle-ci ne se conçoit qu’en rythme. Bien qu’il manipule des machines qui exécutent ses instructions plus vite qu’il ne peut lui-même les formuler, l’homo numericus n’en demeure pas moins un être temporel, passant son temps à ajuster savamment son tempo à ceux de son milieu. On peut même faire l’hypothèse que, confronté à l’arythmie de ses prothèses, l’homme moderne consacre de plus en plus son intelligence et son énergie à négocier des changements de cadence, des variations rythmiques ou des irrégularités pour rendre habitable le temps des machines. Durée des contrats de travail, âge de la retraite, calendrier des dettes, rythmes scolaires, prolongation de la vie… Ce n’est certes pas un hasard si les conflits sociaux et les débats qui agitent aujourd’hui la société portent moins sur l’obtention de nouveaux acquis que sur des questions de timing. Ajourner, différer, prolonger, avancer : ce que les ordinateurs ne savent pas faire – eux qui ont toujours l’heure juste – revient plus que jamais au politique et aux rapports sociaux. Mais qu’en est-il sur le web : peut-on encore y flâner ?

Rythmes, Médium N°41, coordonné par Régis Debray et Louise Merzeau, octobre 2014

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Pour citer cet article

Louise Merzeau “Le Flâneur impatient”, Médium, Rythmes, N°41, 2014/4, p. 20-29.

Traces captées, traces éditorialisées

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Mémoire numérique. Publics, ressources et bibliothèques en mutation


Après avoir dû assurer la transition des supports analogiques aux supports digitaux, les bibliothèques doivent désormais négocier le virage vers une culture numérique. Dans ce nouveau contexte, l’externalité technologique cède la place à des effets de milieu, la notion même de support devient caduque et le problème de la rétention des traces change radicalement de sens. Ce n’est plus sur leur enregistrement ou leur indexation que doit s’exerer une médiation, mais sur leur éditorialisation.

logo-mediadixJournée d’étude organisée par Médiadix et l’URFIST de Paris avec le soutien de la DRAC Ile de France et du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Vendredi 10 octobre 2014
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Pôle Métiers du livre, Saint-Cloud

Avec Louise Merzeau (Paris Ouest – Dicen-IDF), Odile Contat (CNRS), Dominique Théron (BnF), Sophie Derrot (BnF), Esther Dzalé Yeumo Kaboré (INRA), Florence Gicquel (EBD)

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• Support de la présentation

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De la face au profil : les traces font-elles visage ?

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Premier médium de la relation humaine, le visage est le lieu même de l’expression et de l’identité, mais aussi des normes sociales qui le maquillent ou le transforment en faciès. Autant de caractéristiques qui semblent se transposer aujourd’hui aux traces numériques par lesquelles nous existons sur les réseaux. Indices de notre présence et de nos liens, mais aussi objets de stratégies de captation et de (re)construction, elles précèdent désormais tout rapport à nous-mêmes. Les traces font-elles pour autant visage ? Fragile équilibre entre être et avoir, entre profondeur et surface, entre vivant et artefact, entre présence et avatar, le visage peut-il se virtualiser sans basculer d’un côté ou de l’autre ?  S’atomiser dans un insaisissable miroitement d’instants, ou perdre la face au profit d’un profil ? À moins que le milieu numérique n’apporte en lui-même un nouveau trouble, apte à réinventer l’énigme des visages…

Séminaire de recherche interdisciplinaire TTH (Technologies et Traces de l’Homme) organisé par le Laboratoire COSTECH (Connaissance, Organisation et Systèmes TECHniques) et l’Institut Faire Faces (IFF) – CHU d’Amiens

Le but de ce séminaire est de réfléchir aux effets de la technologie sur l’identité et l’humanité en  interrogeant simultanément l’intervention technologique sur le visage et le nouveau statut de la trace dans l’environnement numérique.

Lundi 6 octobre de 10h30 à 12h30
Université de Technologie de Compiègne
Centre Pierre Guillaumat 1 – salle K122

Captation vidéo de la conférence

• Support de la présentation [pdf] :

Visiter le site du projet TTH

Voir aussi l’article « De La face au Profil : l’aventure numérique des visages » paru dans InaGlobal

Culture numérique à l’école


Les penseurs modernes de l’information, de la documentation et de la pédagogie

Série d’entretiens proposés par le centre de ressources pédagogiques Savoirs CDI.

Interview réalisée par Josiane Ducournau en août 2014.

Extrait

(à propos de l’apprentissage du code à l’école) :


Écouter, lire ou télécharger l’intégralité de l’entretien sur le site de SavoirsCDI