La Médiation identitaire

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Revue française des sciences de l’information et de la communication (RFSIC)

La crise des médiations unanimement observée dans la montée en puissance des pratiques numériques est ici réexaminée comme la mise en œuvre d’une nouvelle forme d’intermédiation centrée sur l’identité. Tout en revenant sur les grandes étapes qui ont conduit à la disqualification des intermédiaires traditionnels, l’article décrit l’avènement d’une forme inédite de régulation économique, technique et cognitive, où l’individu grammatisé sert d’agent de légitimation et d’orientation. La mise en évidence de cette médiation identitaire cherche d’abord à dénoncer les impostures d’une idéologie de l’immédiation propre à déstructurer le corps social. Elle vise ensuite à  critiquer la réduction de la problématique de l’identité numérique à des enjeux de réputation individuelle, là où il est en réalité question de la maintenance d’un espace commun. L’objectif est enfin d’alerter sur les risques de contraction que pourrait signifier une personnalisation mal réfléchie des processus informationnels.

Lire l’article surr le site de la RFSIC
Lire un commentaire de l’article sur le blog de Philippe Aigrain

Pour citer cet article

Louise Merzeau, “La médiation identitaire”, Revue française des sciences de l’information et de la communication, 1 | 2012, mis en ligne le 26/09/2012, [En ligne] http://rfsic.revues.org/193

Faire mémoire des traces numériques

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E-dossiers de l’audiovisuel

Aujourd’hui, la question de la numérisation du patrimoine se double de celle de la patrimonialisation du numérique. En environnement numérique, la collecte et la mise en mémoire des données ne repose plus uniquement sur les compétences professionnelles des archivistes. De nouveaux acteurs s’invitent dans les flux d’information : via moteurs de recherche, réseaux sociaux, applications diverses, tout un chacun peut en effet consulter mais aussi alimenter à chaque instant des stocks de plus en plus importants. Jeux, achats, échanges ou créations constituent autant de terrains où se dépose la mémoire numérique, par captation de nos traces d’usage. Ce sont ces traces dont il faut faire mémoire. Découpée, disséminée, la mémoire numérique s’éloigne du modèle de l’arbre pour devenir toile, mémoire en réseau connectant entre elles des mémoires non homogènes. L’archivage institutionnel du Web remet en perspective la traçabilité et crée une mémoire publique qui permettra de produire de nouveaux usages.

Lire l’article sur le site des E-dossiers

Pour citer cet article

Louise Merzeau, “Faire mémoire des traces numériques”, E-dossiers de l’audiovisuel, Sciences humaines et sociales et patrimoine numérique, mis en ligne en juin 2012 [En ligne] http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-sciences-humaines-et-sociales-et-patrimoine-numerique/faire-memoire-des-traces-numeriques.html

La Mémoire toile

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Poli (politique de l’image)

À l’ère numérique, toute machine à voir, compter, lire, communiquer, mais aussi cuisiner, conduire, contrôler, jouer ou tuer est en même temps une machine qui enregistre et traite de l’information. La mémoire est devenue un composant essentiel présent dans tous nos artefacts, des automobiles aux ordinateurs, en passant par les caméras, les consoles de jeux, les téléphones ou les appareils électroménagers. Embarquées dans le moindre de nos objets, les opérations de mise en mémoire se banalisent en même temps qu’elles se complexifient…

Visiter le site de Poli

Pour citer cet article

Louise Merzeau, “La Mémoire toile”, Poli, N°6, mai 2012, Les promesses de l’archive, p. 24-32.

Réseaux : après l’utopie

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Médium

N°29, 2011
Coordonné par Louise Merzeau et François-Bernard Huyghe

L’utopie originelle de l’Internet a récemment connu un coup de jeune : tout communique, rien ne s’impose, la démocratie est à un clic d’ici. Mais, à l’enthousiasme des “révolutions 2.0”, clamé par tous les médias au lendemain des révoltes arabes, succède le doute : les réseaux peuvent-ils durablement changer le monde ? Certes pas si on les réduit à un dispositif de communication entre des individus qui ne partagent que des technologies. Rappelons qu’en amont des conversations et des indignations échangées sur Facebook, il y a des identités culturelles, marquées par des héritages, des combats et des médias antérieurs, animées de la même impatience politique. D’une révolution médiologique à l’autre, ceci emboîte le pas à cela. Mais, en changeant l’échelle et la scène où convergent les regards, le virtuel donne à ces communautés une nouvelle réalité : changement de génération, traversée des frontières, alliance de l’image et du texte. À partir de liens faibles, épisodiques et futiles, une appartenance peut se projeter, en interaction et en boucle avec la rue. Les collectifs militants récupèrent alors la force des affinités triviales et tribales (musiques, vêtements, mode, rumeurs…).
Face à la prolifération des prises de parole et de parti, l’autorité monolithique, cathodique et autiste ne peut résister. Perdant la première bataille de l’attention, son aura ne protège plus guère les pouvoirs déconnectés. D’autant que l’absence de chef du côté de la contestation n’empêche pas les soutiens logistiques exercés en sous-main. Mais l’État n’a pas dit son dernier mot, et la Toile n’est pas à l’abri des décrets qui cherchent à discipliner le flux. En coupant radicalement le réseau lorsque c’est possible, en contrôlant ses points d’accès lorsqu’il est trop ramifié, en l’infiltrant lorsqu’il est déjà la clé du pouvoir. Dans chaque pays, infrastructures et stratégies produisent des formes différentes de contrôle et de contre-pouvoirs. Ne cédons pas à l’image d’Épinal opposant foules intelligentes et branchées d’un côté, Big Brother de l’autre.
Ce qui nous ramène à la question de départ : en quoi les réseaux sont-ils politiques ? À la fois médium anti-médiation (plus d’intermédiaire) et culte du médium (“merci Facebook”), c’est d’abord par le secret de l’algorithme qu’ils agissent sur l’ordre du monde. Réorganisant la hiérarchie des contenus, la vitesse des fils d’actualité et l’orientation des audiences, la gestion des flux produit moins de l’opinion que de nouveaux codes de circulation, d’accréditation et d’intervention. L’apparition d’un nouveau régime d’autorité affecte aussi bien les partis que les entreprises et les Églises. La machine calcule et redistribue le jeu des influences. L’invisible réorganise le visible.
Les médiologues ne pouvaient manquer cette occasion d’observer l’efficacité politique du médium, tout en réfutant le déterminisme technologique. À charge aux prochaines élections, en Occident comme ailleurs, de vérifier ce retour à la raison des réseaux.

Louise Merzeau et François-Bernard Huyghe

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Présence numérique : les médiations de l’identité

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Les Enjeux de l’information et de la communication

Initialement confinée dans les questions techniques de sécurité, la réflexion sur les données personnelles recouvre aujourd’hui des enjeux sociologiques et politiques.
La personnalisation de l’information oblige à redéfinir l’individu comme collection de traces, et la communication comme commerce des singularités. Elle entraine l’ensemble des contenus vers une logique de prescription, où le pouvoir se mesure à la capacité de recouper les données que les utilisateurs éparpillent sur les réseaux. Décomposée et calculée, la personne n’est guère en mesure de contrôler ce double numérique.
L’exposition de soi sur les réseaux sociaux relève cependant bien de stratégies qui témoignent d’un désir de réappropriation. Au lieu de laisser les internautes à eux-mêmes ou de les surveiller au nom d’une logique sécuritaire ambiguë, pouvoirs publics et responsables politiques devraient mettre en place des procédures de médiation de cette présence numérique. Restaurer les conditions d’une confiance et définir les droits de l’homo numericus sont en effet des préalables à l’exercice de la démocratie.

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Pour citer cet article

Louise Merzeau, “Présence numérique : les médiations de l’identité”, Les Enjeux de l’information et de la communication, université Stendhal-Grenoble3, 34 558 signes, mis en ligne le 09/10/2009, [En ligne] http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2009/Merzeau/index.php